Accessibilité numérique et handicaps : mes prises de conscience
Un document clair, c’est un message qui arrive à bon port — pour chaque lecteur, quels que soient ses besoins ou contraintes.
Depuis que je me plonge dans l’accessibilité numérique, je réalise à quel point un document peut être une porte ouverte… ou un mur infranchissable.
Au départ, je voyais surtout le côté technique : structurer un PDF, bien baliser les titres, penser aux contrastes. Mais en creusant, je me suis mise à imaginer les personnes qui allaient lire, ou plutôt essayer de lire, ces documents. Et là, ça change tout.
Je vous partage ici quelques profils concrets qui m’ont aidée à comprendre où sont les vrais blocages.
Lucie, malvoyante
Quand j’ai découvert les lecteurs d’écran, j’ai pris une claque. Sans titres hiérarchisés, impossible de naviguer dans un document. Sans descriptions d’images, tout un pan de contenu disparaît.
Je me souviens d’un test où j’écoutais la voix du lecteur d’écran dérouler un PDF sans balises : un vrai tunnel sans fin. Avec des titres clairs et des alternatives aux images, soudain ça devenait fluide. J’ai réalisé que, pour Lucie, la structure, c’est la clé.
Jean, senior
Jean m’a fait penser à mon père. Quand il lit sur sa tablette, il zoome souvent. Résultat : la mise en page explose, les colonnes se décalent, et il abandonne.
Je n’avais jamais réfléchi à ça en rédigeant ou en maquettant. Maintenant, je teste systématiquement : est-ce que le texte reste lisible en zoomant ? Est-ce que les boutons sont assez gros pour qu’on clique dessus sans effort ? Ce qui est “joli” sur mon écran peut être un vrai casse-tête pour Jean.
Marc, dyslexique
En travaillant sur l’accessibilité cognitive, j’ai découvert Marc. Ou plutôt, plein de “Marc” différents : des personnes pour qui les longs paragraphes et les phrases alambiquées sont un obstacle.
Je repense à mes débuts en rédaction SEO, où j’adorais écrire des phrases complexes. Aujourd’hui, je comprends qu’un paragraphe aéré, des phrases simples et quelques mots-clés en gras, ça change tout. Pas seulement pour Marc, d’ailleurs : tout le monde lit plus vite.
Ana, cliente internationale
Là, j’ai eu un déclic en me mettant à la place d’une Ana : quelqu’un qui lit en français mais pour qui ce n’est pas la langue maternelle. Les termes techniques deviennent vite une jungle.
Depuis, j’essaie de repérer mes “tics de langage” et de les simplifier. J’ajoute parfois un petit glossaire, ou même une icône à côté d’un concept. Ce que je voyais comme un détail aide en réalité énormément.
Paul, temporairement blessé
Un jour, je me suis retrouvée à bosser avec une attelle au poignet. Impossible d’utiliser ma souris correctement. Et là, j’ai compris Paul.
Pouvoir naviguer uniquement au clavier ou avec une main, c’est loin d’être un cas marginal. Ça peut arriver à n’importe qui, même temporairement. J’ai vu combien des boutons trop petits ou des menus mal pensés deviennent pénibles dans ces moments-là.
L’effet boule de neige
Au final, chaque fois que j’adapte un document pour Lucie, Jean, Marc, Ana ou Paul, je me rends compte que j’améliore aussi l’expérience de tous les autres.
Une structure claire, des contrastes corrects, des phrases simples… qui s’en plaint ? Personne. Ce sont des ajustements qui profitent à tout le monde.
Finalement, ce que j’aime avec l’accessibilité, c’est que ce n’est pas une liste de cases à cocher. C’est un état d’esprit. À chaque projet, j’apprends un truc nouveau.
Aujourd’hui, je ne vois plus l’accessibilité comme “un supplément” qu’on ajoute en fin de parcours. C’est plutôt comme une garantie : celle que chaque message atteigne sa cible, sans exclure personne.
✨ Et franchement, je trouve ça motivant.